L’agrandissement d’un cimetière a entraîné la disparition de 3 400 m² de zone humide, principalement composée d’une aulnaie marécageuse. Pour réparer cette perte environnementale, des mesures compensatoires ont été mises en place. La solution retenue pour répondre à cette exigence de compensation consiste à restaurer la sablière d’un site situé à une distance d’environ 1,5 km de la zone impactée.
À partir des travaux antérieurs et des données publiques disponibles, nous avons mené une analyse du contexte environnemental du site dans le but d’évaluer la faisabilité du projet de restauration d’un boisement alluvial en tenant compte de critères agro-pédologiques. Nous avons complété cette analyse par une étude sur le terrain notamment des propriétés physico-chimiques des sols en place. Des recommandations en matière de gestion des masses de terres lors des travaux de terrassement ont également été formulées.
NOS RÉALISATIONS :
Le site d’étude était autrefois une mine de bauxite, mais il est actuellement à l’abandon. Contrairement à d’autres régions du sud de la France touchées par des résidus contaminés issus de l’extraction de bauxite par le procédé Bayer, le crassier de cette mine est composé de matériaux non contaminés (affleurement du matériau parental riche en bauxite). Cependant, malgré l’absence de contamination, le site est confronté à plusieurs défis qui entravent le processus de régénération naturelle. Ces défis incluent le compactage du sol, l’érosion du sol, le manque d’activité biologique, la semi-aridité, la forte présence de roches et la prolifération d’espèces végétales envahissantes dans certains secteurs.
L’objectif de l’étude sur ce site est de tester diverses solutions de réhabilitation et d’identifier la plus efficace pour favoriser la croissance de la végétation et stabiliser les sols. Cette étude se concentre sur la réhabilitation écologique d’une pelouse sub-nitrophile méditerranéenne.
Le travail a consisté dans un premier temps à établir un diagnostic agro-pédologique et fonctionnel de l’ensemble du secteur d’étude.
En parallèle, était mené un travail bibliographique afin de prendre connaissance des retours d’expérience en termes de stratégies de réhabilitation menées dans des milieux similaires.
Sur la base de ces résultats, une expérience a été menée en combinant différentes approches, notamment l’ajout de compost, l’utilisation de champignons bénéfiques présents sur le site, et la plantation de graines de plantes locales en utilisant la litière du site. Les premières observations sont encourageantes pour concevoir un plan de restauration écologique pour l’ensemble de la zone. Il sera toutefois essentiel de s’assurer que ces améliorations perdurent dans le temps.
Aujourd’hui, dans le domaine des diagnostics environnementaux, les analyses chimiques restent la principale méthode d’évaluation de la qualité des sols contaminés ou excavés, qu’elles soient réalisées sur le sol lui-même ou sur ses lixiviats. Cependant, elles ont tendance à classer d’importantes quantités de terres comme « polluées » sans fournir une compréhension complète de leur toxicité potentielle pour l’environnement.
La norme TRIADE ISO 192204 propose une démarche intégratrice pour évaluer le risque pour les écosystèmes.
Elle se base sur :
Cette norme est en cours de révision et elle constitue le cœur du projet DIVA que nous menons depuis 2022 en partenariat avec SUEZ, Argaly, le laboratoire d’écologique microbienne et Biotope. Ce projet est financé dans le cadre de l’appel à projet GESIPOL de l’ADEME.
Le projet DIVA vise à tester la méthodologie TRIADE pour développer un protocole et un modèle d’évaluation plus complet et économique. Il permet d’évaluer la qualité des sols en vue de leur réutilisation, que ce soit in-situ (par exemple, la réhabilitation de terrains en friche) ou ex-situ (comme la réutilisation de sols excavés en milieu urbain). À terme, ce projet permettra également de surveiller l’évolution des fonctions écologiques de ces sols au fil du temps, en particulier après des opérations de réhabilitation, telles que la création de technosols ou la refonctionnalisation.
Ce travail est mené sur trois sites d’études complémentaires, à savoir une friche industrielle située à Bordeaux (33), un projet d’aménagement paysager urbain à Saint-Chamond (42) et une friche urbaine destinée à la production de bois énergie à Pierre Benite (69).
Les résultats issus des deux premières campagnes de terrain seront présentés sur notre site internet au premier trimestre 2024.
Saint-Chamond (42)
https://www.actu-environnement.com/ae/news/laureats-appel-projets-gesipol-ademe-37543.php4
En France, les montagnes attirent chaque hiver près de 10 millions de visiteurs venus pour profiter des sports d’hiver au sein des quelque 250 stations de ski réparties sur le territoire. Pour répondre aux attentes de ces visiteurs, d’importants aménagements ont été réalisés par les domaines skiables, tels que la construction de pistes de ski et de remontées mécaniques. Cependant, ces travaux ne sont pas sans conséquences sur les écosystèmes fragiles de montagne, et des actions de « réparation » sont souvent nécessaires pour limiter l’érosion des sols et permettre une pratique du ski durable. Néanmoins, le retour à une fonctionnalité satisfaisante de ces écosystèmes n’est pas toujours atteint.
Les milieux de montagne se caractérisent par des conditions abiotiques uniques, comprenant des vents violents, des pentes abruptes, des altitudes élevées, des températures extrêmes et un enneigement important. Ils sont également composés d’une végétation spécifique, parfaitement adaptée à ces contraintes environnementales. Les sols de montagne jouent un rôle crucial dans le développement de cette végétation, en fournissant de l’eau, des nutriments et un support physique, tout en régulant les conditions environnementales nécessaires à la croissance des plantes.
La réhabilitation des sols en montagne constitue une étape indispensable pour restaurer un couvert végétal de qualité dans ces milieux dégradés. Cette démarche revêt par ailleurs un intérêt majeur pour de nombreux acteurs du territoire, notamment les alpagistes, qui jouent un rôle essentiel dans l’entretien et la valorisation des alpages de Savoie.
Dans ce contexte, la branche Savoie des Domaines Skiables de France (DSF), rassemblant 42 stations de ski en Savoie, a souhaité financer une étude visant à analyser les éléments déterminant le succès ou l’échec de la restauration des sols détériorés en montagne. L’objectif de cette initiative est de mettre en lumière les méthodes de réhabilitation les plus efficaces pour répondre aux impératifs liés à l’aménagement du paysage, à la préservation de l’environnement et au soutien des activités pastorales.
Nos résultats seront présentés au premier trimestre 2024 !
https://www.inrae.fr/actualites/terrains-degrades-stations-ski-restaurer-biodiversite
Le sol joue un rôle crucial dans le fonctionnement des écosystèmes. Il est support de la végétation, permet la fourniture de nutriments, filtre l’eau, stocke du carbone etc. Afin de mieux comprendre la qualité de vos sols, il est capital de considérer sa qualité selon un angle : physique, chimique et biologique.
Jeton un petit coup d’œil !
Pour commencer, la qualité chimique fait référence à la composition et à la concentration des éléments chimiques présents dans le sol. Leur analyse permettra de déterminer, entre autre, si le sol est favorable à la croissance des plantes.
En premier lieu, le pH vient mesurer l’acidité ou l’alcalinité d’un sol. Il influence la disponibilité des nutriments pour les plantes. Un pH neutre (autour de 7 environ) est idéal pour certaines cultures car le pH trop basique ou trop acide limite la disponibilité de certains nutriments. En revanche, certaines plantes ont développé des capacités à supporter des conditions plus acides ou plus alcalines, par ex. en secteur méditerranéen calcaire. Dans le cadre d’un projet de réhabilitation écologique, s’assurer d’un pH adapté aux exigences de la végétation est un point crucial.
Les nutriments tels que l’azote, le phosphore et le potassium, jouent un rôle vital dans la croissance des plantes. Les sols riches en nutriments favorisent la croissance des cultures mais ont généralement pour conséquence une réduction de la richesse des communautés végétales en milieux naturels.
Avez-vous vu ce champs d’ortie ou de rumex dans les parcs de nuit des moutons en montagne ? C’est un très bon exemple de l’incidence d’une trop grande fertilité sur la végétation et les écosystèmes.
La matière organique joue un rôle indispensable en tant que source de carbone et de nutriments pour les organismes du sol. Elle améliore la structure du sol, augmente sa capacité de rétention d’eau et favorise une meilleure aération.
La matière organique se caractérise par différents composés chimiques. Certains composés sont très facilement dégradables, ce sont généralement « des molécules simples ». On dit de ce carbone qu’il est labile. A l’inverse, certaines molécules sont plus complexes et plus fortement stabilisées. En d’autres termes, le carbone sera moins rapidement dégradé par les microorganismes du sol. On parle alors d’un carbone récalcitrant.
L’importance du carbone labile versus carbone récalcitrant dans un sol fera l’objet d’un nouvel article dans peu de temps. C’est un point crucial dans le contexte du changement climatique.
Pour continuer, la qualité physique du sol concerne par ex. sa texture, sa structure ou encore sa capacité à retenir l’eau. Des caractéristiques qui affectent son potentiel à soutenir la croissance des plantes ou encore à réguler les écoulements d’eau.
Elle est définie par la proportion relative de sable, de limon et d’argile. Les sols argileux retiennent l’eau, tandis que les sols plus sableux présentent une meilleure aération. Ainsi, la texture d’un sol affecte sa capacité à retenir l’eau et les nutriments. La présence de zones humides, c’est à dire de milieux engorgés au moins une partie de l’année, est très souvent associée à la présence d’argile dans les sols. Cet argile empêche l’eau de s’infiltrer et aboutit à ce que l’on appelle une nappe perchée, c’est à dire une nappe d’eau qui demeure à la surface du sol.
Une bonne structure est essentielle pour permettre aux racines des plantes de s’étendre, à l’eau de s’infiltrer et circuler et à l’air de pénétrer. Une structure grumeleuse est généralement préférable pour garantir l’équilibre d’un sol et témoigne d’une forte activité biologique alors qu’une texture lamellaire indique en général un problème de compaction.
Elle influe sur sa perméabilité et sa capacité à retenir l’eau. Un sol trop compacté entraîne une mauvaise infiltration de l’eau tandis qu’un sol aéré favorise une meilleure croissance des racines.
Ensuite, la qualité biologique correspond à la diversité et l’abondance des êtres vivants qui habitent dans le sol. Ce sont les bactéries, les champignons, les vers de terres, les collemboles, les nématodes etc. décomposent la matière organique, améliorent la structure et contribuent à la disponibilité des éléments nutritifs pour les plantes. La diversité des microorganismes présents constitue donc un indicateur de la santé générale d’un sol.
Enfin, la santé du sol est une question d’alliance chimique, biologique et physique. Les propriétés chimiques affectent la disponibilité des nutriments, les caractéristiques physiques déterminent la structure et la perméabilité du sol et les qualités biologiques soutiennent la biodiversité et le cycle des éléments.
Chez Soltis, nous travaillons au quotidien pour établir des diagnostics agroécologiques et fonctionnels. Ces diagnostics s’appuient notamment sur l’étude de ces paramètres. Ils nous permettent de déterminer si les sols sont fonctionnels et s’ils présentent les caractéristiques adéquates pour permettre de restaurer un habitat naturel. Dans le cas contraire, nous formulons alors des préconisations d’amélioration ou du génie pédologique.
https://librairie.ademe.fr/cadic/656/guide-pratique-avenir-sols-10-questions.pdf
À l’occasion d’un terrain dans le Val de Marne pour étudier l’impact d’un futur projet d’aménagement sur les zones humides, nous avons pu observer un très beau fluviosol de limon argileux sur tourbe enfouie, vestige d’une dynamique fluviale très différente d’aujourd’hui.
Les livrables du Projet SOILval sont en ligne !
L’objectif du projet SOILval est de permettre une meilleure reconnaissance de la valeur des sols et notamment de la qualité des sols en contexte de mise œuvre d’objectifs de lutte contre l’artificialisation des sols, à partir de l’analyse des pratiques sur deux territoires : la France et la Wallonie.
Le projet SOILval a donné lieu à 7 fiches techniques, une note R&D sur les besoins en recherche sur cette thématique et deux policy brief, l’une pour la France l’autre pour la Wallonie, qui s’intéressent aux leviers ou blocages juridiques pour cette mise en œuvre et les perspectives d’améliorations qui peuvent être envisagées.
Toutes les ressources sont disponibles ici et et sur le site de l’ADEME.
Soltis Environnement a eu le plaisir d’intégrer cette structure lors de la cérémonie du 30 mai 2022.
Une collaboration qui vise à développer des projets innovants sur les sols dégradés et à diffuser les connaissances sur les sciences du sol.
Norine a présenté la structure avec brio !
La SCIC Crisalid, établie à Pont-de-Claix, a été fondée en 2020 grâce à la collaboration entre le bureau d’études Envisol, l’Établissement public foncier local (EPFL) du Dauphiné et la Ville de Pont-de-Claix. Cette coopérative se spécialise dans la dépollution des sols et la réhabilitation des friches industrielles. Son objectif principal est de fournir une plateforme équipée d’outils et de moyens d’expérimentation mutualisés afin de promouvoir le développement d’innovations pour la réhabilitation des friches. Crisalid aborde cette mission en intégrant des concepts d’économie circulaire, en explorant des solutions basées sur la nature, et en adoptant le principe One Health.
Pour les connaisseurs, un coin du bout du monde à Luz la Jarjatte sur les sources du Buëch, un fluviosol alluvio-colluvial avec présence d’un horizon argileux à structure prismatique et migration verticale du fer suite à un probable cycle d’oxydo-réduction.